Je suis Haruka Tenoh. Normalement, je vis une vie heureuse avec ma belle Michiru Kaioh, mais le chaos s’ensuit quand Mamoru m’appelle. Il me dit la chose la plus insensée. Que Michiru, ma Michiru, est arrivée chez lui et qu’elle a tenté de le séduire, de l’embrasser! Elle l’appelait « son chéri! ». Pourtant, je sais que Mamoru ne me mentirait pas, mais Michiru ne se comporterait jamais de la sorte. Je l’attends alors de pied ferme. Voyant qu’elle ne rentre pas à la maison, je monte dans ma voiture de sport et je pars à sa recherche.
Je trouve ma douce moitié assise près d’une fontaine décorative, mais quelque chose cloche. Michiru lit une bible. Elle porte un rosaire à son cou. Elle porte des vêtements noirs et d’une autre époque. Je débarque de ma voiture et je vais vers elle. Quand elle me voit, elle continue de lire sa bible comme si je n’étais pas là.
« Hé, Michiru. »
Elle ne me répond pas.
« Ma belle, que se passe-t-il? Mamoru m’a dit que— »
En entendant mes mots, Michiru ferme sa bible et elle me crie des absurdités.
« Je ne suis pas ta belle, cochon, pècheur! »
« Oh, attends! Je suis une femme. Tu le sais bien. »
« Encore pire! T’es une salope, une sale pécheresse! »
« Quoi?! Qu’est-ce que ces absurdités? Je suis ta Haruka, ton âme sœur! »
« Foutaises! Je ne suis pas une gouine. J’aime les hommes, comme toute bonne chrétienne, et je suis mariée! »
J’allais lui hurler après, mais notre conversation attire des gens curieux alors je reste silencieuse. Une chose est claire: cette femme n’est pas ma Michiru. Jamais ma Michiru serait homophobe et religieuse extrémiste. Cette Autre Michiru, je ne sais pas comment l’appeler autrement, me fusille du regard comme si elle s’attend à ce que je lui dise quelque chose.
« Bon, tu es mariée, alors pourquoi ne vas-tu pas à ton mari? » Dis-je d’un ton moqueur. « Je suis sûr qu’il a besoin de sa femme à la cuisine! »
« Ferme-la! » Me rétorque l’Autre Michiru. « Je suis bien plus qu’une femme au foyer! »
« Ce n’est pas en te comportant comme une connasse que tu vas me le prouver! Cela te donne quoi, d’être homopho—?»
« Vous êtes toutes dégueulasses, voilà! »
« ASSEZ! J’en ai ma claque de toi. Je retourne chez moi et j’espère retrouver MA Michiru. »
Je retourne à ma voiture de sport. Le ciel s’assombrit et il commence à pleuvoir des cordes. Je monte et je compte rentrer chez moi quand l’Autre Michiru se met devant le véhicule.
« Bouge de là, imbécile! » Je lui crie après.
« Pitié, je ne peux pas retourner chez moi. Mon mari ne me reconnait pas. Il m’a mis dehors! »
« Ce que c’est triste. Je m’en moque. Bouge! »
« Je ne comprends pas. Pourquoi mon Mamoru ne me reconnait pas? Il n’arrêtait pas de me parler d’une gouine, d’une Haruka. »
« BOUGE, PUTAIN! »
« Est-ce toi, Haruka? »
L’Autre Michiru se met alors à pleurer. Ses larmes se mélangent dans la pluie qui la mouille de partout. Bien qu’elle soit une idiote homophobe, elle est la jumelle de ma Michiru et je ne peux pas l’abandonner.
« D’accord, monte, » lui dis-je en ouvrant la porte-passager, « mais cesse de dire des mots anti-lesbiens! »
« Marché conclu! » Dit l’Autre Michiru.
L’Autre Michiru monte dans ma voiture de sport et je la ramène chez moi.
« Bon, » lui dis-je après que nous sommes entrées, « tu peux prendre les vêtements que tu veux dans notre chambre. »
« ‘Notre’ chambre? »
« Ma Michiru et moi. C’est par ici. »
Je lui montre la chambre. Alors qu’elle regarde des bijoux posés sur la commode et les nombreuses robes de ma Michiru dans notre garde-robe commune, l’Autre Michiru se met à crier.
« Quoi? Qu’est-ce qu’il y a? »
« Cette écriture… » Dit-elle en me tendant un message écrit à la main qui se trouvait dans la poche d’une robe. « C’est la mienne! Mais je n’aurais jamais écrit une chose pareille! ‘À ma douce Haruka, je pense à toi pendant les longs jours d’été.’ Alors… c’est vrai? Tu as une Michiru? Une Michiru qui… t’aime? »
« Oui. »
« Cela expliquerait pourquoi Mamoru se comportait de la sorte, mais alors où suis-je donc? Dans un autre monde? »
« Il semblerait que oui et ma Michiru doit être dans le tien. »
« Alors comment retourner chez moi? »
« Je ne sais pas. Il faut peut-être attendre? »
Je propose donc a l’Autre Michiru de manger avec moi. Je l’amène à la salle à manger. Elle hésite énormément. Elle me dit quelque chose sur la tentation, le diable et le pécher.
« Allons! Tu ne vas pas devenir lesbienne en mangeant avec moi! Qui t’as mis ces absurdités dans la tête? »
Elle allait me crier dessus puis elle me murmure ses parents. Il semblerait que cette Michiru a été adoptée et élevée par une mère et un père religieux extrémiste. En me parlant de sa famille, je comprends qu’elle a grandi dans une sorte de secte. Tous les gens qu’elle connait pensent que les gays et les lesbiennes sont des monstres, des êtres dégoutants, des pécheurs et qu’ils ne devraient pas exister.
« Tu vois bien que cela est fou. » Dis-je à l’Autre Michiru. « Crois-tu vraiment que je ne devrais pas exister? »
« Je… Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je— J’ai peur! »
Soudain, son corps semble devenir transparent. L’Autre Michiru hurle. Elle disparait. À sa place se trouve une femme identique à elle.
« Michiru? Ma Michiru? » Demandé-je.
« Oh, douce Haruka! » Me dit-elle. « Oui, c’est moi. Que je suis heureuse de te retrouver! J’étais dans une sorte d’autre monde et c’était l’enfer! »
« Je sais. L’Autre Michiru était avec moi. J’espère qu’elle va pouvoir changer et ouvrir son cœur. »
Je prends les mains de mon amoureuse dans les miennes. Je les embrasse. Ma Michiru rougit.
« Bon, je dois téléphoner à Mamoru et lui dire que tu es de retour. Je reviens vite. »
Je pars et j’appelle Mamoru. Pendant ce temps, Michiru sourit.